La France devrait passer le cap des « 0 Philippe » au cours de l’année 2060 selon les estimations de l’IFHEA (Institut Français des Hautes Etudes Anxiogènes). Eux qui monopolisaient jusqu’à 12% de la population au début des années 1970, les Philippe ont entamé leur déclin dès le début des années 1980, avec la naissance du tout dernier Philippe le 16 juillet 1989 à Poitiers. Enquête.
Le bon et le mauvais Philippe
Qui sont les Philippe ? « Les Philippe ont la particularité d’être des personnes très entières, très marquées, ce qui, en caricaturant un peu, donne naissance à deux sortes de Philippe très différentes : le ‘bon Philippe’ et le ‘mauvais Philippe’ » explique Marie Girard, chercheuse à l’IFHEA et directrice d’une étude sur la survie et la disparition des prénoms.
« On connait tous un Bon Philippe : Souvent vieux garçon, ‘Philou’ est gentil, un peu soumis, serviable, trop serviable même ! Les Bons Philippe finissent dans les administrations, les laboratoires, des endroits discrets, à l’abri des regards et de l’agitation du monde. Beaucoup de Bons Philippe sont devenus prêtres, écrivains, bergers ou alcooliques solitaires » développe-t-elle.
«… aucun parent ne veut d’un bébé loser…»
« Les mauvais Philippe, au contraire, ont été éduqués dans l’idée qu’ils seraient les rois du monde. Plus diplômés que la moyenne, ces Philippe sont généralement enfant unique. Glorifiés par leur parents, ils sont persuadés d’être les meilleurs. Aujourd’hui cadres ou dirigeants, ils dissimulent souvent un égocentrisme prononcé et une méprise des plus faibles derrière un masque de cordialité forcée et de fausse sympathie ».
Pourquoi s’éteignent-ils ?
« Certains prénoms finissent par disparaître car ils sonnent mal ou sont intrinsèquement déplaisants, comme Bérengère, Lorenzo, Bruno ou Marie-Josée » analyse le docteur Girard – « Mais ce n’est pas le cas pour Philippe : Des tests ont même montré que ce prénom se situait en 4ème position en termes d’harmonie phonologico-cognitive, c’est un prénom qui sonne très bien ! ».
« On connaît tous un Bon Philippe… »
« Selon moi, les Philippe vont disparaître car dans l’esprit des gens ils évoquent, permettez-moi de le dire, des losers ou des canailles. Et aucun parent ne veut d’un bébé loser ou d’un bébé canaille [rires] » précise la scientifique avant de conclure : « L’ironie du sort est que les quatre prénoms les plus fréquents chez les enfants des Philippe, à savoir Kévin, Dylan, Mélanie et Jennifer, sont également des prénoms voués à disparaître, d’ici 2085-2090 selon nos estimations ».
D’autres prénoms suivront
Toujours selon cette même étude, les Philippe seront les premiers à disparaître, suivis de près par quelques autres prénoms : Josiane (2062), Didier (2064), Eugène (2065), Mauricette et Alain (2066).
Les chercheurs de l’IFHEA de Bordeaux rassurent tout de même : « Nous avons prouvé, grâce à un modèle mathématique prédictif que certains prénoms sont éternels. Si vous pouviez prendre une machine à voyager dans le temps, vous pourriez aller n’importe où (ou quand) dans le futur et vous rencontreriez des Marie, des Louis, des Pauline ou des Julien ».